Le poumon ! Pas de doute, c’est le poumon ! Si on ose lui prétendre qu’il n’est pas malade, Argan se rebiffe et n’en démord pas : il veut être malade ! Et pour s’assurer qu’il sera toujours soigné et dorloté, il déclare que sa fille épousera un médecin. Point. Il faudra tout le bon sens et l’humour de la servante Toinette pour calmer la folie qui semble s’être emparée du maître ; comme si les nombreux lavements que ses médecins lui infligent lui avaient siphonné le cerveau ! Mais il s’agit d’en finir avec les charlatans, prescripteurs de potions magiques et autres clystères subtils qui aveuglent Argan, et de ramener ce grand malade à la raison.

Quelle maladie que ces bobos imaginaires qui ne servent qu’à attirer l’attention, à rassurer, à cultiver le nombrilisme, la peur de vivre, la peur de vieillir, ou la peur de mourir ! Une joyeuse troupe menée tambour battant par Patrice Mincke nous offre une belle comédie sur l’hypocondrie. Après « Le Bourgeois Gentilhomme », Michel Kacenelenbogen revient en malade hypocondriaque, régressif et puéril, maniaque et tyrannique. Pour lui tenir tête, Anne Sylvain est la Toinette rusée et énervée à qui on ne la fait pas. Molière, dans son ultime pièce, crée un chef d’œuvre et réussit le tour de force de nous faire rire de nos névroses et de nos angoisses.