Nous voici dans un monde « d’après ». Au milieu d’un désert, deux femmes déambulent. Il ne leur reste plus rien du monde d’avant, uniquement des mots avec lesquels jouer. Ça tombe bien, on est au théâtre. Alors elles s’amusent avec les mots, les massacrent, les tuent et les font servir à autre chose.
À partir d’un récit apocalyptique, d’une vision à la Mad Max, voici une comédie à l’humour tonique, subversif ; une fable ni délétère, ni désespérée, complètement à part dans l’oeuvre dramatique de LA Duras, qui nous entraine ici dans un pessimisme qui a le fou-rire.
Le comique nait de la confrontation de la situation dramatique, et de l’attitude inattendue et bienveillante des personnages dont la langue est facétieuse.
Cette pièce n’est pas seulement une dénonciation de la guerre, c’est aussi une fable fantastique. Marguerite Duras invente, elle crée un monde, une langue, un style qui se libère de toute influence, elle est aux avant-postes d’une écriture comique fondée sur ce qu’elle nommait elle-même : la voie du gai désespoir.
À la fois pamphlet antimilitariste et antinucléaire, voici un texte visionnaire qu’il est bon de revisiter. Avec cette équipe-là, ce sera déconcertant et rabibochant, à la fois effrayant et drôle, navigant entre la science- fiction et la joyeuse vitalité d’une renaissance en marche.