Jérusalem, de nos jours. Un policier israélien auditionne une Palestinienne. Un interrogatoire de routine : emprunte-t-elle souvent la ligne 11 ? Trois ou quatre fois par semaine ?
Mais nous sommes quelques jours après un attentat meurtrier dans un bus sur la ligne 11. Beaucoup de morts et de blessés. Depuis la construction du mur, ça n’est plus arrivé souvent…
Elle travaille au marché sur un étal de poissons. Selon le patron du bistrot, elle prend un thé à la menthe sans sucre, plusieurs fois par jour. Dans le café, il y a une immense télévision. L’attentat y est passé en boucle. Elle dit qu’elle n’a rien vu. L’inspecteur lui demande comment est-ce possible, alors qu’elle a eu le nez collé sur l’écran trois fois par jour ! Elle dit qu’elle n’a pas fait attention, c’est tout !
« Vous n’avez pas fait attention au numéro de ce bus calciné, alors que c’est celui que vous prenez presque tous les jours ? »
On ne peut pas faire attention à tout !
Est-ce vraiment un interrogatoire de routine ?
L’auteur met en présence les ennemis héréditaires, et parvient, avec discernement, à nous ouvrir une lucarne sur un tout petit bout de la réalité de ce terrain miné. Dans un bureau de flics, deux êtres humains, d’origines différentes, vivants sur une même terre, se regardent. Vont-ils parvenir à se parler sans haine, à se considérer comme deux êtres, vivants sur une même terre ?
Un face à face tendu dans lequel les notions de bien et de mal, d’innocence et de culpabilité, de justice et de terrorisme sont radicalement remises en question par un homme et une femme en danger.