Au départ, c’est juste un voyage. Pour prendre du bon temps, se ressourcer. Seulement la destination est Israël. Alors tout s’emballe : que va-t-elle aller faire en touriste en Israël, elle qui, arabe, a été élevée dans la haine du peuple juif ? De ce point de départ anecdotique, le seul en scène de Réhab Mehal élargit très vite le propos. La logorrhée explose, relâchant comme une digue brisée le flot du questionnement intime. Rapport à Dieu, au démon, à l’autre, crainte de décevoir la famille, souvenirs, fantasmes sur cet ’ennemi’ inconnu, le juif. Elle nous raconte tout, cette femme. Et, surtout, la multiplicité de son identité, composée de la somme impossible des multiples regards posés sur elle. Tout comme Jérusalem, Al-Quds, est différente pour chacun de ceux qui la visitent.

Grâce à une mise en scène élégante, tout en suggestion, Réhab Mehal réussit parfaitement à universaliser son propos. Nul besoin de partager ses racines pour se laisser prendre par la main et effectuer avec elle ce voyage fascinant vers notre identité. Un petit bijou de théâtre, on vous dit.